Il était une voix : mon portrait vocal d’Emmanuel Macron pour Ouest-France
« Il était une voix… »
… c’est le podcast que Ouest-France a choisi de consacrer aux candidat.e.s aux élections présidentielles françaises. Le but ? S’intéresser à ce que leur voix transmet, trahit, dévoile, indépendamment de leur message.
Quand le journaliste Ronan Coquelin m’a demandé de réaliser le portrait vocal d’Emmanuel Macron, le candidat sortant RM pour les élections présidentielles, j’ai répondu immédiatement OUI ! La voix d’Emmanuel Macron, cela faisait des années que je l’écoutais, et qu’elle m’inspirais bien des remarques.Parce que cette voix est celle d’un communiquant, conscient de l’impact qu’une voix peut avoir sur son auditoire, il y avait matière à analyse !
… eh bien je vous assure que lorsqu’on écoute une voix, et qu’on l’écoute vraiment, sans être parasité.e par le sens du message, par notre opinion ou notre jugement, elle nous dévoile une richesse expressive insoupçonnée…
Pour écouter mon portrait vocal d’Emmanuel Macron c’est ici
Et pour le texte, c’est ici :
Emmanuel Macron a une voix assez équilibrée, claire, posée. C’est la voix d’un communicant qui est très à l’aise avec la parole et qui sait être pédagogue : il rythme parfaitement ses phrasés, son articulation est très claire et sa voix sonore ; il sait capter l’attention de son auditoire en variant ses intonations et en transmettant de l’énergie par sa voix.
Mais la particularité de la voix d’Emmanuel Macron c’est qu’elle est très travaillée. Ce qui fait qu’elle semble parfois un peu artificielle et pas toujours très sincère, parce qu’on y entend la technique : son débit est souvent trop lent et trop contrôlé ; il feint parfois les hésitations pour donner l’impression de spontanéité ; il adopte une musicalité un peu redondante et pas très naturelle.
Emmanuel Macron a voulu incarner une nouvelle façon de faire de la politique et le traduire dans sa prise de parole. Contrairement aux hommes politiques qui l’ont précédé, sa voix va plutôt utiliser la douceur et les aigus pour se faire entendre. Avec sa voix, il indique plutôt qu’il se positionne d’égal à égal avec ses électeurs : par exemple, pour montrer son empathie, il privilégie les intonations montantes ; pour renforcer le sentiment de proximité, il adopte le ton de la confidence ou celui de la conversation.
Emmanuel Macron montre ainsi qu’il ne cherche pas à faire passer son autorité par la force ou par une attitude surplombante. Au contraire il cherche souvent à rassurer avec sa voix. Par exemple, quand il adopte un ton plus grave, comme au moment de l’annonce du premier confinement, il atténue la portée dramatique de son discours par une voix plus douce qui se veut enveloppante et sécurisante.
Mais comme il ne veut pas faire peur, il peut saboter la détermination qu’il veut communiquer : par exemple, par un effet de contraste un peu trop théâtral entre une envolée lyrique et une voix tout à coup trop feutrée et trop retenue. Et puis la voix d’Emmanuel Macron a du mal à soutenir une posture d’autorité sur la durée : souvent elle tombe sur la fin des phrases. C’est sans doute ce qui explique que sur certains discours, on entend très nettement que les basses du micro ont été boostées pour donner plus d’envergure à sa voix.
C’est dommage parce que toutes ces stratégies de communiquant lui portent plus préjudice qu’elles ne le servent. Pourtant à travers sa voix, Emmanuel Macron cherche toujours à faire entendre son humanité, sa sincérité et même parfois ses émotions. Au prix parfois de sa crédibilité. On se souvient de son discours en 2017 où il s’était cassé la voix à force d’hurler. A l’époque, c’était un candidat venu de nulle part qui avait tout à conquérir.
Depuis, la fonction présidentielle lui a donné la légitimité en même temps qu’elle lui a appris la sobriété et la fermeté. Sa voix y a gagné en assise, en graves et en autorité naturelle. Plus l’enjeu est grand et plus Emmanuel Macron trouve une voix à sa mesure. Lorsqu’ Emmanuel Macron n’a plus rien à prouver ni à démontrer, sa voix devient sonore, fluide et déterminée. Elle lui permet d’incarner sa fonction avec charisme, assurance et authenticité. Loin de toute stratégie de communication