Actualités

Il était une voix : mon portrait vocal d’Anne Hidalgo pour Ouest-France

Il était une voix : mon portrait vocal d’Anne Hidalgo pour Ouest-France

« Il était une voix… »

 

… c’est le podcast que Ouest-France a choisi de consacrer aux candidat.e.s aux élections présidentielles françaises.

Le but ? S’intéresser à ce que leur voix transmet, trahit, dévoile, indépendamment de leur message.

Quand le journaliste Ronan Coquelin m’a demandé de réaliser le portrait vocal d’Anne Hidalgo, la candidate du Parti Socialiste pour les élections présidentielles, je ne m’attendais pas à découvrir autant de choses à dire… eh bien je vous assure que lorsqu’on écoute une voix, et qu’on l’écoute vraiment, sans être parasité.e par le sens du message, par notre opinion ou notre jugement, elle nous dévoile une richesse expressive insoupçonnée…

Pour écouter mon portrait vocal d’Anne Hidalgo c’est ici.

Lorsqu’on écoute la voix d’Anne Hidalgo, on se dit tout de suite que ce n’est pas une grande voix. C’est une voix qui a peu de puissance, qui est tendue dans les aigus et qui manque de contrastes. Sa musicalité et sa rythmique sont assez monotones. Elle ne nous emporte pas, n’apporte pas d’ampleur ou de poids à son message, ne vient pas accrocher notre oreille pour solliciter notre attention.

Cette voix peut même être assez dérangeante lorsqu’Anne Hidalgo veut communiquer ses convictions : comme elle manque de résonance et de puissance naturelle, elle ne trouve pas d’autre solution pour se faire entendre que de forcer sur ses aigus ; sa gorge reste serrée et sa voix sonne un peu criée, nuisant à sa crédibilité et à son autorité. Elle cherche à compenser ce manque de puissance en enchaînant les phrases sans respirer pour occuper l’espace sonore, mais cela nuit à la clarté de son propos et à l’écoute qu’on lui porte.

Anne Hidalgo : « Nous avons dix ans pour réussir la transition écologique »

Pourtant, lorsqu’on revient quelques années en arrière, on est tout à coup surpris par une voix qui n’avait pas du tout la même musicalité. C’était une voix posée, profonde, soutenue par des graves chaleureux et dotée d’une capacité de contrastes beaucoup plus importante. Son débit de parole était lui aussi différent : plus spontané, plus naturel, il variait en fonction de ce qu’Anne Hidalgo souhaitait transmettre et avait un effet d’interpellation beaucoup plus efficace. Sa voix d’alors était chaleureuse et sincère, humaine et authentique, mais aussi engagée et déterminée. J’ai essayé de chercher à partir de quand la voix d’Anne Hidalgo a commencé à changer. Je daterais cette évolution du moment où elle est devenue Maire de Paris. Peu à peu sa voix commence à se tendre vers les aigus, à perdre en richesse harmonique et en capacités mélodiques.

L’accès à des fonctions de responsabilité et le climat très hostile auquel elle a été confrontée depuis ont-ils pesé sur la voix d’Anne Hidalgo ? Elle recourt depuis à tout l’arsenal des outils de l’éloquence censés la faire gagner en légitimité. Mais le plus souvent sa voix manque de corps, de poigne et de conviction. Ce qui donne aujourd’hui à sa parole une tonalité parfois un peu artificielle et pas toujours convaincante.  Anne Hidalgo oppose à ses contradicteurs une voix essoufflée et un peu trop légère, qui ne parvient pas à dissimuler son anxiété et un certain malaise à jouer le jeu politique et médiatique.

Pourtant, à certains moments, comme dans son discours d’investiture, Anne Hidalgo nous surprend par des accents lyriques qui hissent enfin sa voix à la hauteur de la fonction qu’elle poursuit ; même si on entend la fragilité de sa voix qui n’a pas l’endurance d’une oratrice, on est saisi par l’ampleur et l’énergie soudaines qui la gagnent. C’est lorsqu’elle se sent portée par un large mouvement d’adhésion dans le sillage de toutes les grandes figures de gauche qui l’ont précédée qu’elle trouve le chemin d’une voix de tribune qui sonne et qui entraîne l’enthousiasme.

Dans le cadre des interviews, quand elle redevient une candidate parmi d’autres, la voix d’Anne Hidalgo s’affadit. On peut se demander si la place très modeste qu’elle occupe aujourd’hui dans les intentions de vote ne lui a pas fait perdre une partie de sa confiance et de l’assise de sa voix. Anne Hidalgo, candidate à la présidence de la république doit aujourd’hui relever un sacré défi : trouver cette voix charismatique qui est la signature des grandes personnalités politiques.