Écriture de mon nouveau livre sur la voix des femmes
Après la Voix de son Être et Humain-e, parus aux éditions L’Harmattan en 2017 et 2020, je suis en train de travailler à l’écriture d’un nouvel essai sur la voix des femmes et les stéréotypes auditifs qui peuvent l’impacter.
Ce livre en devenir parle de la voix des femmes. Pas des mots qu’elles utilisent, ni même du nombre de femmes qui prennent la parole, encore moins des domaines dans lesquels cette parole est reconnue aujourd’hui comme experte. Mais de leur voix, de son usage et de la façon dont elle est entendue.
Pourquoi la voix ? Parce qu’au-delà de ses déterminations biologiques, la voix manifeste les stéréotypes de genre inconscients et tenaces d’une culture donnée. Elle les porte d’autant plus qu’elle nous semble à la fois une émanation naturelle de notre corps sur laquelle nous n’avons pas prise et à la fois un marqueur fort d’identité dans lequel les autres nous reconnaissent immédiatement.
Alors pourquoi s’intéresser à la voix des femmes et pas à celle des femmes et des hommes ? Parce qu’en matière de voix non plus, il n’y a ni symétrie ni équivalence. Les femmes héritent d’un usage de la voix fortement imprégné par l’histoire des femmes comme « genre marqué » : il semble toujours lui manquer quelque chose que les hommes, eux, ont reçu à la naissance.
Ce déficit lui appartient-il en propre ou est-il un réflexe de notre oreille à l’endroit de la voix des femmes ? Comment entend-t-on la voix des femmes ? Si elles héritent d’une écoute disqualifiante qui leur a retiré pendant des siècles toute légitimité à dire le monde et à le représenter, quelles incidences cela a-t-il eu sur leur voix ? Une voix serait-elle d’abord et avant tout l’empreinte en creux de l’écoute qu’elle reçoit ?
Depuis quelques années et de manière de plus en plus massive dans les pays occidentaux, les femmes prennent la parole et font entendre leur voix. Ne serait-il pas temps d’ouvrir notre oreille à d’autres sons pour permettre à ces nouvelles voix d’être entendues ? Ne serait-il pas temps que les femmes apprennent à s’écouter elles-mêmes autrement pour autoriser leur voix à advenir ?